Génétique : vers l’avènement d’une évaluation européenne ?

Portée par deux tendances de fond intimement liées que sont l’explosion du volume des données et la difficulté à recruter des compétences dans le domaine génétique et bio-informatique, l’idée d’une évaluation génétique européenne des animaux d’élevage pourrait aboutir à l’horizon 2027 avec l’apparition d’une infrastructure capable de produire des index pour la race bovine holstein. Une indexation pour les autres races bovines pourrait suivre dans un second temps. Ces indexations sont en quelque sorte une description régulièrement mise à jour des populations, des races, de leurs caractères, description indispensable à la viabilité zootechnique et économique des cheptels. Le réseau Eliance (fédération d’entreprise du conseil et service en élevage), actuellement partenaire de Races de France dans GenEval, l’outil de l’indexation française, s’est positionné pour être l’actionnaire français du futur dispositif européen.

De fait, les évaluations sont encore aujourd’hui majoritairement nationales. Mais le contexte évolue en particulier dans les grandes races productives où la génétique connaît de moins en moins de frontières. L’enjeu serait donc pour cette future structure transnationale de maintenir l’audience mondiale de la génétique européenne face à la concurrence notamment américaine. Cette Europe de la génétique ne part pas cependant de rien : elle est actuellement organisée autour d’Eurogenomics, coopérative réunissant dans neuf pays des entreprises de sélection, fédérations, associations d’éleveurs et centres de calcul. EuroGenomics est à l’origine depuis dix ans d’une vaste production de données avec la constitution d’une des plus larges populations de référence holstein au monde.

Ce projet d’index européen suppose la mise en commun de données mais aussi d’outils et de compétences, qui là aussi, pourraient bénéficier du chemin tracé par Eurogenomics en matière d’harmonisation des modalités de sélection. Cette mutualisation des index est aussi censée favoriser l’innovation et la recherche, ce que le Dispositif génétique français (DGF) peine à accompagner seul face à la multiplicité des enjeux de transition socio-économiques et environnementaux. En tout état de cause, la production et l’exploitation des données génétiques risquent d’être sérieusement bousculées dans les années à venir à la faveur d’une interopérabilité bien plus marquée des processus de sélection entre les pays, ainsi qu’un nombre de caractères soumis à l’amélioration génétique de plus en plus grand. Le travail des organismes de sélection en sera sans doute d’autant challengé. Le modèle économique et de gouvernance de la future structure d’évaluation est toujours en discussion.

Facebook
Twitter
LinkedIn