En génétique, il vaut mieux faire la paire. Les cellules des humains et de la plupart des animaux contiennent d’ailleurs chacun deux chromosomes provenant respectivement de la rencontre des gamètes mâles et femelles lors de la fécondation. Les bovins sont ainsi diploïdes à 58 chromosomes organisés en 29 paires, non comprises les cellules sexuelles qui sont haploïdes soit un seul chromosome (pour rappel 22 chez les humains pour 44 chromosomes). Or, il peut en manquer dans la paire, c’est une monosomie, ou en exister en trop, c’est la trisomie par exemple. Dans tous les cas, l’anomalie chromosomique dite aneuploïdie, entraine de l’infertilité et a un coût économique pour les éleveurs. La question est d’autant plus sensible en matière de reproduction in vitro (5200 embryons bovins produits ainsi en France) que le taux de mise bas par embryon réimplanté reste faible et cela en partie à cause de ce déséquilibre dans le nombre de chromosomes par cellule.
Comment détecter alors les aneuploïdies chez les embryons bovins produits in vitro et cela avant réimplantation ? Plusieurs méthodes sont actuellement testées grâce à des données de génotypages réalisés en routine chez les veaux. Et les résultats sont encourageants. « Nous utilisons les données des génotypages bruts, mais aussi pour la première fois, les données de fluorescence, explique Daniel Le Bourhis, coordinateur du programme AnEmBov (1) et embryologiste au sein d’Eliance, la fédération du conseil et service en élevage. Grâce aux analyses sur les données des veaux, nous avons vu qu’il était possible de détecter des aneuploïdies à partir de ces données de fluorescence, et donc levé un premier verrou technologique ». La fluorescence, phénomène déjà bien connu en physique est dû à l’excitation des électrons des molécules par des particules de lumière, la capture sur la bande de fréquence de l’onde lumineuse de retour permettant alors de modéliser d’éventuelles altérations.
Ce programme de recherche sur les déséquilibres chromosomiques des embryons reçoit le concours des entreprises spécialisées en reproduction du groupe Connexyon (pays charolais) et Altitude (pays limousin), qui ont participé à la production de 200 embryons in vitro dans chacune des races limousine et charolaise.
(1) Programme de recherche financé par APIS-GENE.