Le risque d’une contamination des populations par H5N1, le virus de la grippe aviaire, reste faible selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Mais la communauté scientifique, elle, se montre plus inquiète et le niveau d’alerte aura bien monté d’un cran en 2024. Car le virus évolue et sa capacité à muter pour franchir la barrière des espèces ne fait plus de doute. De fait, chat, renard, ours, phoque, raton-laveur, … la liste des mammifères hôtes s’allonge.
Derniers impétrants en date : les bovins. L’infection a touché plusieurs dizaines de cheptels dans plusieurs Etats américains. Le virus dont il est désormais démontré qu’il passe de vache en vache, a été retrouvé dans le lait cru (mais ne résiste pas à la pasteurisation) et provoque des mammites. « La propagation du virus chez les vaches laitières et les preuves d’une transmission efficace et soutenue de mammifère à mammifère sont sans précédent, considèrent les auteurs de l’article « Spillover of Highly Pathogenic Avian Influenza H5N1 Virus to Dairy Cattle », paru dans la revue Nature, le 25 juillet 2024. Cette transmission efficace est préoccupante car elle peut conduire à l’adaptation du virus, augmentant potentiellement son infectiosité et sa transmissibilité chez d’autres espèces, y compris chez l’homme ».
Onze cas humains bénins ont été signalés aux Etats-Unis, parfois sous la forme d’une inflammation de la conjonctive, l’un des rares tissus sensibles chez l’humain à ce virus qui ignore encore les voies aériennes supérieures, ce pourquoi la transmission de personne à personne reste difficile.
Il n’en reste pas moins qu’au travers de son dernier variant « 2.3.4.4 », la circulation et la contagiosité de ce virus s’intensifient, portées par les migrations saisonnières des oiseaux.
Pour la première fois, le virus H5N1 a également été détecté sur des caprins en contact avec des oiseaux de basse-cour dans le Minnesota, rapporte la plateforme française d’épidémiosurveillance en santé animale (ESA). Autre inquiétude, l’infestation potentielle des élevages porcins que l’on sait être des creusets favorables aux réarrangements génétiques préalables à la contamination des humains. « La pandémie de grippe H1N1 de 2009, par exemple, résulte d’un réarrangement entre des virus aviaire, porcin et humain, probablement chez le cochon », rappelle Gilles Salvat, directeur pour la recherche à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Ansess), cité par Le Monde.