Baisse du cheptel : une menace aux effets protéiformes 

Voilà plusieurs années que l’on observe une décapitalisation du cheptel, terme d’économie signifiant qu’il y a de moins en moins de vaches en France. Mais, si l’on a coutume de mesurer factuellement année après année ce phénomène au travers d’indicateurs conjoncturels, de production, de consommation ou encore d’import/export, et si les ressorts animant ce phénomène sont relativement bien identifiés comme la démographie des éleveurs ou encore la faiblesse de l’attractivité du secteur, peu d’études existent en revanche qui permettent de projeter les conséquences directes et induites de cette érosion continue, qui s’est aggravée depuis dix ans. L’institut de l’élevage prévoit une perte d’un million de vaches d’ici à 2030, mais quel peut être l’effet d’une telle déprise sur les prairies, sur l’efficacité de stockage carbone de ces espaces désaffectés, et au-delà socio-économiques, c’est-à-dire sur l’emploi dans les bassins de population concernés, sur les échanges commerciaux ? Lors des matinales de la Recherche qui se sont tenues le 18 mars à Paris, la société de conseil Ceresco a ainsi projeté pour le compte d’Interbev, l’Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes, les conséquences d’une contraction du cheptel de 20% d’ici 2030. L’hypothèse retenue, soit une baisse de 19 % du cheptel de vaches, correspondant à la dynamique observée entre 2020 et 2022, pourrait selon la société conseil menacer jusqu’à 37 000 emplois (ETP) directs et induits avec, sur certains territoires comme le Cantal, des baisses de population active jusqu’à 7 %. Par ailleurs, la demande baissant moins rapidement que l’offre, la France pourrait changer de statut, passant d’exportateur à importateur de vaches allaitantes avec à la clé une hausse des émissions de gaz à effet de serre. Sur le plan environnemental, selon le sort réservé aux prairies permanentes désaffectées, soit 1,4 millions d’hectares estimés (l’équivalent du département des Yvelines chaque année pendant huit ans), friche, retournement céréalier ou encore artificialisation, le déstockage de carbone pourrait s’élever à 64 millions de tonnes équivalent CO² selon le scénario le plus pessimiste. 

https://www.interbev.fr/wp-content/uploads/2025/01/etude-impacts-decapitalisation-2024_synthese-courte-vdef.pdf

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